Février
Février 2018. Le calendrier se remplit vite, avec quelques cases vides « inconnues ». J’aperçois à nouveau des couleurs dans les lumières, dans les reflets soufflés, dans les ombres projetés. Les brumes disparaissent des matins, remplacées par ces ciels arrosés d’aurores. Tirée par son bras hors du lit, le temps de prendre une photo, je le retrouve vite, dans les draps encore empreints de nos chaleurs. Le temps ne semble pas se décider, passe d’un ton à l’autre, sans jamais prononcer son dernier mot. Des visages familiers, reviennent ici et là, celui d’une amie au sourire timide qui ne sait pas comment m’annoncer ses fiançailles. Celui d’un artiste qui nous a tant ému il y a deux ans et qui nous est revenu avec encore plus de poésie. Et celui d’une amie qu’on ne quitte jamais vraiment, même après un an de distance. Février 2018, le 23, on change de décor soudainement, sans prélude, de Bruxelles à Lisbonne, en un coup d’ailes, le tout orchestré par ses coups de baguette magique. On valonne la ville, le soleil au dessus de la tête, les yeux curieux, oscillant d’un détail à l’autre. Des femmes sont à la fenêtre, observant la journée passer dans leurs rues, certaines étendent leur linge le long des murs aux couleurs pastelles. Des cris des mouettes jamais trop loin, on lève les yeux pour voir les mosaïques du ciel portugais se marier si bien avec la ville. Je cherche les ombres, lui les perspectives, à chaque coin de rue qui se découvre au fur et à mesure de nos pas. Des odeurs de fraise, d’orange dès le matin, des odeurs remplis de saveurs et de soleil émanent des rues déjà bien bavardes. On trinque pour mes 34 ans, plusieurs fois, en terrasse, au coin de la rue, autour de tables, à l’aube, aux heures dorées, sur les mélodies du fado, aux creux du lit, juste tous les deux. Même la pluie chante derrière la fenêtre, berçant nos siestes bleues – presque -nuit. On rencontre ceux qui nous content la ville autrement, et leur récit noctambule nous fait coucher un peu tard, parce qu’on le pouvait. Mais il y a eu surtout la rencontre de nos temps un peu perdus qui se rattrapent par les mains, se retrouvant enfin sans entracte.
365 project – Une photo par jour
Je change du Fuji Superia au Kodak 800 et le changement est assez déroutant. Il tire beaucoup plus vers le magenta et quand on ne s’y attend pas, c’est assez surprenant. Par intuition, il semble plus me convenir dans des conditions de lumière contrastées et avec une ambiance aux températures chaudes. Il me donne envie de le retenter, mais plutôt en été.
Dans l’ensemble, je suis un peu moins enthousiaste du résultat de ce mois de février. Je ne sais pas si c’est la pression vis-à-vis de l’argentique qui est un peu retombée, mais je les trouve un peu moins qualitative, surtout au niveau des compositions. C’est une expérience assez étrange à l’ère numérique de connaître une déception à la découverte de ses photos au bout d’un mois : normalement on vérifie au fur et à mesure nos clichés, et on essaie de tirer le meilleur. La remise en question se fait dans l’immédiat et c’était très intéressant de connaître ce sentiment.
Un de mes erreurs de ce mois, c’est que j’ai trop longtemps hésité à déclencher. Parfois la lumière partait trop rapidement, parfois j’ai préféré garder ma photo du jour pour plus tard. Résultat, je me suis retrouvée avec plus de photos réussies et représentatives de certains jours au numérique. Je me rends compte qu’un film par mois c’est peut-être un peu trop draconien, et qu’il faudrait que je déclenche un peu plus selon mes envies. Et dernière petite frustration, je n’ai pas la fin du mois de février qui se trouve sur ma 3ème pellicule que je n’ai toujours pas terminée.
L’approche de l’argentique a déjà pas mal d’influences sur moi et notamment, mes sélections des numériques se font beaucoup plus rapidement. Mes photos au Fuji X-E2 à Lisbonne sont quasi toutes sélectionnées, et ça se rapproche à un miracle pour moi. (Je n’ai toujours pas terminé ma sélection de mes photos du Japon en 2016 par exemple…). Déjà à la prise de vue, je suis plus sélective, je choisis mes scènes et visualise mieux ce que je veux obtenir. Et à la sélection, je cherche la meilleure, celle qui correspond le plus à la vision que j’ai eue, alors qu’avant, je supprimais celle qui me paraissait les moins bonnes. Le résultat est peut-être la même, mais choisir la meilleure et la moins pire, le procédé est à l’opposé et surtout beaucoup plus rapide.
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