Regards croisés : Matam et Sachie Nagasawa
Le mois dernier, Matthieu et moi vous avons présenté la première série de notre projet collaboratif sur les façades de Bruxelles, Face à Face. Aussi spécifique – et presque monomaniaque – que soit le sujet, la diversité de la scène citadine belge nous offre une multiple de possibilités d’approches. Pour cette deuxième série, nous avons décidé de nous focaliser sur les numéros d’habitations. Nous avons cette fois, chacun sillonné les rues de nos villes respectives : lui Liège, moi Bruxelles, nos Fujis à la main, à la recherche des plaques de numéro.
Sachie Nagasawa
Parfois les chiffres se répètent, mais sans jamais se ressembler. Pairs, impairs, métalliques, peinture à la main, petits, immenses, style gothique, style sans serif… Un 42 fantaisiste, quelques rues plus loin, un 42 très sérieux. J’observe, je regarde les espacements entre les chiffres et soupire un peu, je remarque les couches maladroitement superposées et souris un peu. Des numéros s’effacent, s’accrochent, laissent parfois certaines traces. Les passants m’observent à leur tour et m’interpellent : « vous photographiez quoi au juste ? » Je leur explique le concept du projet et je les vois fixer les façades, droite, gauche, derrière, et à nouveau mon appareil. Ils s’exclament « tiens, je n’avais jamais fait attention, mais c’est vrai qu’elles sont toutes différentes ! » avec un air presque amusé par la découverte. Ils continuent leur chemin, je me retourne et je les vois au loin, ce vieux couple bras dessus bras dessous, montrant du doigt les numéros qui retiennent leur attention. Des détails qui nous amusent, comme ces jeux de 7 différences, on les trouve même aux coins de nos rues, il suffit de trouver et de jouer.
Matthieu Toussaint
Les numéros. Les suites. Le progressions. Les alternances. Quelque chose d’aussi universel que basique, mais qui révèle tant. Numérologie et graphologie urbaine, trônant plus ou moins fièrement à côté des portes d’entrées, comme autant d’invitation et de d’expression de l’occupant, ancienneté, conservatisme, modernité,… Enfin, diversité, reine dans le domaine, témoins silencieux de l’essor des villes. Cette diversité, qui transpire en fonction des villes et quartiers. La différence entre Liège et Bruxelles, pour ce que j’en ai été témoin, est principalement dans le style et l’affirmation de ces numéro, là ou le statut de capitale donne une expression plus franche, Liège rend un côté plus folklorique. Encore que certains quartier de Bruxelles peuvent se rapprocher, Liège c’est la ville entière qui semble être ce joyeux capharnaüm, dans ce renouveau permanent.
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